lundi 14 juin 2010

Jeux : 1 / Fitness : 0

Samedi 12 juin, Théâtre La Passerelle (scène nationale)
20 h. Des nuées d'hommes et de femmes occupent le parvis du théâtre. Âmes damnées à l'entrée du temple du vice, leur regard est animé d'un désir lubrique. Dans trente minutes exactement, le Fitness Center donnera son spectacle annuel.

Dans les loges, les corps nus s'entrechoquent. Hommes et femmes aux muscles luisants s'apprêtent à offrir au public trois heures trente d'une danse endiablée. Ivres de se montrer, inconscients du péché, ils abandonneront bientôt leurs corps moites aux lois du rythme et de la sensualité.

Je suis en face, sur le pas de l'immeuble qui abrite Ludambule. Ce spectacle dont je sais déjà tout m'est intolérable. Ma mission m'apparaît soudain comme une évidence. Je dois entrer en scène, dussé-je ne sauver q'un seul de ces pauvres diables et y laisser ma peau.
« Hé ! Misérables créatures du seigneur ! Savez-vous quel est le prix véritable du spectacle que vous allez vous payer ? »

L'assemblée se fige. J'ironise :

« Juste une question... combien de commandements avez vous l'intention de violer, ce soir ? »

Je sculpte chaque syllabe du verbe « violer », espérant lui donner chair et déclencher une prise de conscience collective. Elle tarde à se manifester.

« Quelqu'un parmi vous aurait-il une idée de la chaleur produite par les flammes de l'enfer ? »

Cette réplique n'a pu manquer ses cibles. C'est maintenant ou jamais :

« Laissez donc ces vipères se vautrer dans leur nid poisseux et rejoignez donc notre belle compagnie ! Allez ! »

Je pars devant, certain de les attirer dans mon sillage.

« Au programme de ce soir : jeux à gogo, petits gâteaux, et... »

Un lourdeau m'interpelle :

« Juste une seconde, l'évêque en civil... C'est ma femme, la vipère poisseuse ? »

Par souci de décence et pour ne pas choquer les plus jeunes, je vous épargnerai la violence qui suivit. Sachez simplement que je fis bien plus que me défendre.

Et aux pisse-froids qui persiflent que je n'ai ramené personne ce soir-là, je répondrai : C'est vrai. Mais l'atmosphère s'est chargée d'une toute autre densité et, je vous prie de me croire, la conscience de chaque spectateur était lourde du poids du péché.

De mon côté, l'esprit tranquille, je retrouvai la compagnie vertueuse des ludambules et autres ludophrènes. Nous fûmes une petite trentaine à jouer jusqu'à épuisement, accompagnés par nos frères de l'association Beth Maïmonide qui, dans le local voisin, scandaient à perdre haleine des chants sacrés (sans oublier l'air de Seven Nation Army, comme le font les fervents véritables).

Éric Compiègne

Voici les jeux qui nous ont distraits :
(j'en oublie, rafraîchissez-moi la mémoire)


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Eric de mémoire il y avait aussi: Marrakech, Qwirkle et Jungle speed. A bientôt.

Pierre

Ludophrénie a dit…

C'est corrigé. Merci Pierre !

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